L’étrangeté Blockchain, crypto

Blockchain, Crypto, NFT, Metaverses sont les piliers du Web3. Cette affirmation en elle-même est polémique. Pour beaucoup, leur point commun réel est d’avoir émergé comme concepts porteurs de créativité et d’intérêt presque au même moment. Si je m’autorisais un avis sur la question, je dirais que le chapeau de ces différents usages et technologies est la DAO (organisation autonome décentralisée) ou DAC (entreprise autonome décentralisée). C’est aussi la rencontre très disruptive de la technologie, la finance, l’univers du jeu et du marketing digital. Si les ponts entre technologie, marketing digital et gaming ne sont plus à prouver, l’irruption de la finance dans ce triptyque est plus surprenant.

Pour ceux qui veulent suivre la valeur de ces monnaies, c’est ici : https://coinmarketcap.com/

Enfin, les smart contracts (ces contrats auto-exécutables) viennent rajouter un juridique « auto-exécutable » au tableau. Il est à noter que « Le « smart contract » n’est pas en lui-même un contrat, mais un protocole informatique qui exécute un accord préalable entre les parties. Il se décompose en deux étapes. D’abord un accord traditionnel conclu entre plusieurs personnes avec des mots (désigné dans le jargon informatique comme le « contrat mots »), qui est ensuite transcrit en un code informatique (le « contrat code »). Tout le contentieux traditionnel du « contrat mots » va donc continuer à s’appliquer. » Source : https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/07/le-smart-contract-colosse-technologique-aux-pieds-d-argile_6116495_3232.html

Si l’on reprend de façon assez basique les mécanismes de la blockchain, cette dernière peut se définir comme une chaine de blocs qui constitue un registre public constamment mis à jour et partagé entre ses membres. L’origine de la Blockchain date des années 1990, période au cours de laquelle on était réalisé des avancées considérables en matière de cryptographie à double clé. Cette technologie permet de garantir la confidentialité (1), l’intégrité (2) et l’authenticité (3) des communications en ligne ( De Filippi, P. (2022). Blockchain et cryptomonnaies. Que sais-je.).

L’histoire du Bitcoin et de la Blockchain

Cypherpunks

Selon De Filippi, le phénomène Blockchain est issu du mouvement Cyperpunk. Ce mouvement de geeks prônait la méfiance et l’indépendance par rapport à l’Etat ou au système bancaire d’où l’importance de la DAO. L’alliance du chiffrement et des punks a donné le terme « cypherpunks » de cipher (chiffrement) et punk. Les cypherpunks sont donc un groupe informel de personnes intéressées par la cryptographie avec pour objectif premier le respect de la vie privée. Vous pouvez retrouver leur manifesto ici : https://www.activism.net/cypherpunk/manifesto.html

Et en français sur Ethereum, ici : https://www.ethereum-france.com/le-manifeste-dun-cypherpunk/

Ma citation préférée concernant les cypherpunks est :

Si nous souhaitons jouir d’une vie privée, nous devons la défendre. Nous devons nous rassembler et créer des systèmes qui permettent des transactions anonymes. Les gens ont défendu leur vie privée durant des siècles avec des chuchotements, de l’obscurité, des enveloppes, des portes closes, des salutations codées et des messagers.  Avec ces techniques anciennes, protéger sa vie privée n’était pas aisé. Les technologies électroniques sont bien plus efficaces.

Le terme cypherpunk a été inventé par Jude Milhon, la sainte patronne des hackeurs. Pour en savoir plus sur sa vie, vous pouvez lire ce billet qui lui est consacré : https://academy.bit2me.com/fr/quien-es-jude-milhon-santa-patrona-hackers/

Dans un monde dominé par les hommes (très peu de femmes dans le monde de la crypto et des blockchains, plus dans le metavers et les NFT), Jude Milhon fait figure d’ovni. Et puisque l’on est à l’heure des citations, voici ma préférée :

„Girls need modems!“

Jude Milhon Interview in Wired (1995)

Source: https://quotepark.com/fr/auteurs/jude-milhon/

L’unique photo en Creative Common de Jude est celle-ci. Activiste, esprit génial, son désir de liberté ne l’a jamais freiné quand il s’agissait de défendre les droits civiques.

Essais – Erreurs

Avant la naissance du Bitcoin, l’or digital des cryptos, une longue suite d’essais-erreurs est à déplorer.

  • Digicash lancé en 1989 par David Chaum, cryptographe. Les transactions sécurisées reposaient sur un système de signature aveugle. Le problème est que le serveur était géré par une entreprise qui a fait faillite.
  • Hashcash en 1997 lancé par Adam Back. Le système reposait sur la puissance de calcul des ordinateurs et la preuve de travail (effectuer une certaine quantité de travail par l’intermédiaire de son ordinateur) pour décourager les spammeurs.
  • B-money en 1998 par Wei Dai. « Tout individu désireux d’utiliser un service en ligne devrait pouvoir avoir effectué une certaine quantité de travail par l’intermédiaire de son ordinateur serait récompensé avec des monnaies virtuelles ». B-money est considéré comme l’ancêtre du Bitcoin. Le problème est l’absence d’horodatage qui permettrait de dépenser plusieurs fois la même monnaie virtuelle.
  • BitGold conçu en 1998 par Nick Szabo (qui est peut-être le mystérieux inventeur du Bitcoin, Satoshi Nakamoto) se rapproche le plus du Bitcoin tel que nous le connaissons. Le réseau fonctionne de façon asynchrone (la solution de chaque équation devient partie intégrante de la prochaine équation à résoudre). Ainsi, une série de transactions s’enchaînent les unes aux autres de façon chronologique. La nouvelle monnaie est donc horodatée. Bitgold s’est heurté à une série d’attaques qui a conduit à son abandon.

Bitcoin : a peer-to-peer electronic cash system ou l’obsession de la decentralization ?

Voici le titre donné en 2008 par Nakamoto à son livre blanc qui est à la base du projet Bitcoin. Satoshi Nakamoto est un pseudonyme. Un individu ? Un groupe ? Une IA ?

A voir sur ce mystérieux personnage, l’excellent reportage d’Arte : https://www.youtube.com/watch?v=0ETcLj5jBy4

Et pour lire son livre blanc, https://bitcoin.org/bitcoin.pdf

Etudié, commenté, analysé dans ses moindres détails et même son anglais (britannique ce qui peut être une indication sur le profil de Satoshi), voici sa structure principale :

La transaction

Nous définissons une pièce de monnaie électronique comme une chaîne de signatures numériques. Chaque propriétaire transfère la pièce au suivant en signant numériquement un hachage de la transaction précédente et la clé publique du propriétaire suivant et en les ajoutant à la fin de la pièce. Un bénéficiaire peut vérifier les signatures pour vérifier la chaîne de propriété.

L’horodatage

La solution que nous proposons commence par un serveur d’horodatage. Un serveur d’horodatage fonctionne en prenant un hachage d’un bloc d’éléments à horodater et en publiant largement le hachage, par exemple dans un journal ou un message Usenet. L’horodatage prouve que les données ont dû exister à ce moment-là, évidemment, pour pouvoir être intégrées au hachage. Chaque horodatage inclut l’horodatage précédent dans son hachage, formant ainsi une chaîne, chaque horodatage supplémentaire renforçant ceux qui le précèdent.

La preuve de travail

La preuve de travail est essentiellement un CPU par vote. La décision majoritaire est représentée par la chaîne la plus longue, dans laquelle le plus grand effort de preuve de travail a été investi. Si la majorité de la puissance CPU (unité centrale de traitement) est contrôlée par des noeuds honnêtes, la chaîne honnête se développera le plus rapidement et dépassera toutes les chaînes concurrentes. Pour modifier un bloc passé, un attaquant devrait refaire la preuve de travail de ce bloc et de tous les blocs suivants, puis rattraper et dépasser le travail des noeuds honnêtes. Nous montrerons plus tard que la probabilité qu’un attaquant plus lent rattrape son retard diminue de façon exponentielle au fur et à mesure que les blocs suivants sont ajoutés.

Réseaux et nœuds

Les étapes pour faire fonctionner le réseau sont les suivantes :

  1.  Les nouvelles transactions sont diffusées à tous les noeuds.
  2.  Chaque noeud rassemble les nouvelles transactions dans un bloc.
  3. Chaque noeud s’efforce de trouver une preuve de travail difficile pour son bloc.
  4. Lorsqu’un noeud trouve une preuve de travail, il diffuse le bloc à tous les noeuds.
  5.  Les noeuds n’acceptent le bloc que si toutes les transactions qu’il contient sont valides et n’ont pas déjà été dépensées.
  6. Les noeuds expriment leur acceptation du bloc en travaillant à la création du bloc suivant dans la chaîne, en utilisant le hachage du bloc accepté comme hachage précédent.

Les noeuds considèrent toujours que la chaîne la plus longue est la bonne et continuent à travailler pour l’étendre.

 

Le projet à la base de DeFi ou finance décentralisée

DeFi

Finance décentralisée (DeFi)

  1. Une alternative mondiale ouverte au système financier actuel.
  2. Des produits qui vous permettent d’emprunter, d’épargner, d’investir, d’échanger et plus encore.
  3. Basé sur une technologie open-source avec laquelle n’importe qui peut programmer.

Source Ethereum, https://ethereum.org/fr/defi/

Voir le Wiki de DeFI via : https://wiki.defillama.com/wiki/Category:Glossary

  1. Et quelques acteurs : Aave, Convex Finance, StakeDAO, Uniswap, etc.

Définitions des principaux concepts

Les principaux concepts reposant sur la Blockchain sont les token non fongibles ou NFT (voir l’article consacré aux NFT sur ce même blog), les tokens fongibles qui sont, par exemple, les cryptomonnaies, le ledger et toute sa technologie décentralisée, les smart contracts (un juridique algorithmique).

Les principaux concepts Blockchain @beabilis

Concernant une cryptomonnaie

Voici celle proposée par le Journal du Coin, une des références dans le domaine :

Une cryptomonnaie est une monnaie numérique basée sur les principes de la cryptographie. Elle s’échange sur un réseau décentralisé, en pair à pair, grâce aux technologies de Distributed Ledger Technologies (DLT) comme la blockchain, les DAG ou le block lattice. Elle intègre l’utilisateur dans les processus de stockage, d’émission et de règlement des transactions et supprime l’intervention d’un intermédiaire ou d’un tiers de confiance comme une banque.

Source : https://journalducoin.com/lexique/

OU

Autre définition proposée par Binance

Le nom cryptomonnaie est une combinaison des termes cryptographie et monnaie. Avec la cryptographie, nous utilisons des mathématiques avancées pour sécuriser nos fonds, en nous assurant que personne d’autre ne peut les dépenser.

Le dossier le plus complet sur le sujet et en français est à télécharger ici : https://academy.binance.com/fr/articles/what-is-bitcoin

La cryptomonnaie ne peut exister sans la blockchain. La cryptomonnaie repose sur la cryptographie.

Un rapide historique de la Blockchain donne une idée de la diffusion relativement rapide de cette technologie.

  • 2008, création par Satoshi Nakamoto (voir le chapitre essais-erreurs pour les dates antérieures)
  • 2009, création du premier bloc
  • 22 mai, achat d’une pizza en Bitcoins
  • Tous les 22 mai, c’est la fête des cryptos
  • 2012, création de la fondation Bitcoin
  • Octobre 2012, publication du rapport de la BCE sur la technologie Blockchain

Aujourd’hui, la BCE s’acharne à parler de digital currency et de stable coin. Une monnaie numérique n’est PAS une cryptomonnaie.

  • 2013, Reconnaissance des cryptos par l’Allemagne
  • Novembre 2017, premier billet sur la crypto par l’AMF avec plein de recommandations de prudence

https://www.amf-france.org/fr/espace-epargnants/proteger-son-epargne/crypto-actifs-bitcoin-etc/investir-dans-le-bitoin-prudence

  • 2022, voici les entreprises qui acceptent le paiement en Bitcoin mais je connais un petit restaurant à Paris qui fut l’un des premiers à l’accepter.

Pour les grosses c’est ici :

https://www.cointribune.com/analyses/institutions-entreprises/bitcoin-paiements-entreprises/#:~:text=Depuis%20mars%202020%2C%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9,une%20plateforme%20exploit%C3%A9e%20par%20Bakkt.

Pour le petit restaurant c’est ici :

https://lepicotin.fr/fr

Et, si nous raisonnons NFT, nous avons d’un côté

Instagram

Et de l’autre

Minecraft

https://www.liberation.fr/lifestyle/hightech/minecraft-contre-les-nft-le-jeu-video-en-vaut-la-chandelle-20220803_B7KV36MUORACDKB4I7SWBW5EUQ/

Minecraft dit non. Meta dit oui…

La DLT, une innovation dans la décentralisation

Un registre distribué ou Distributed Ledger est un registre simultanément enregistré et synchronisé sur un réseau d’ordinateurs, qui évolue par l’addition de nouvelles informations préalablement validées par l’entièreté du réseau et destinées à ne jamais être modifiées ou supprimées (source, Wikipedia).

Un registre distribué est donc une base de données qui est répartie sur plusieurs nœuds dans des lieux et des pays différents afin de rester décentralisée et transparente pour les personnes impliquées dans la tenue des dossiers. Chaque nœud détient une copie complète qui est mise à jour régulièrement par des algorithmes de consensus lorsque de nouvelles transactions ont lieu. Cela permet également des vitesses de traitement plus rapides puisque plusieurs copies sont déjà disponibles et ne reposent pas sur une autorité centralisatrice.

Une blockchain publique est donc un grand livre distribué qui possède différents attributs clés : décentralisée, cryptée, anonyme et une fois que la donnée est ajoutée au grand livre, elle ne peut pas être supprimée ou modifiée.

Les banques reposent sur un Private Ledger qu’elles sont les seules à pouvoir consulter.  A ce titre, voici les principaux schémas simplifiés expliquant le Ledger.

Figure 1 : la banque est l’intermédiaire et le tiers de confiance

Figure 2 : Dans le réseau blockchain, le registre est constamment mis à jour et partagé entre ses membres.

Le Bitcoin utilise un registre public. Chaque transaction peut être visualisée par tout le monde.

On peut voir quelle adresse a envoyé quel montant en Bitcoin à quelle autre adresse. Par contre, l’identification du possesseur d’une adresse n’est pas possible. Il n’existe pas de détenteur de registre comme dans le système bancaire.

Source : Jens M Helobg, de la Blockchain à crypto-investisseur, Editions KLHE

 

Les promesses du grand livre sont :

  • La confiance distribuée
  • La garantie par une large communauté
  • Pas de tiers de confiance
  • Permet d’opérer des protocoles complexes

 

Et, donc si l’on relie le ledger à la blockchain, cela donne ça :

 

Source : https://www.ledger.com/fr/academy/quest-ce-que-la-blockchain

 

LES BLOCS SONT LES PAGES DU LEDGER. Chaque bloc est imbriqué dans le précédent (chaîne de bloc = bloc chaîne)

 

Du Ledger à la décentralisation partout…

La blockchain introduit de la décentralisation partout. Voici quelques exemples :

 

DAO

Les DAO (decentralized autonomous organizations) peuvent s’apparenter à des communautés de passionnés ou mini-réseaux sociaux régis par les membres eux-mêmes. Ces communautés partagent un intérêt commun. Pour pouvoir intégrer une DAO et avoir un pouvoir de décision, il faut commencer par investir dans le token associé au groupe.

Souvent, plus vous investissez, plus vous avez de poids. Si la popularité du groupe s’accroît, alors la valeur du token augmente aussi (et vous pouvez d’ailleurs revendre vos tokens à tout moment pour faire une plus-value). Les DAO peuvent choisir d’investir dans un artiste, un projet, un NFT. Certains pensent qu’ils pourraient révolutionner la gouvernance des entreprises. On peut les trouver sur Discord ou Telegram. Les DAO détiennent près de 10 milliards de dollars mais ont également subi de nombreuses cyberattaques.

Pour aller plus loin, lire : https://www.clubic.com/moonshots/dossier-373153-demain-des-organisations-decentralisees-et-sans-hierarchie-.html

DApp

Les Dapps (decentralized applications) ne nécessitent pas de serveurs centralisés. Leur code est ainsi exécuté sur un réseau décentralisé qui se matérialise généralement par une blockchain ou d’autres technologies de registres distribués. Enfin, une Dapp est la combinaison d’un contrat intelligent et d’une interface utilisateur.

Pour consulter les différents types de DApp, voir : https://coinacademy.fr/academie/explications-dapp/

DEX (plateforme d’échange décentralisée)

Les plateformes DEX vous aident à échanger directement vos cryptos avec quelqu’un d’autre, sans s’y impliquer. Deux avantages : 1. Plus besoin de faire confiance à qui que ce soit pour trader. 2. Les frais de trading prélevés sont généralement plus faibles que ceux des plateformes d’échange ordinaires.

Source : https://www.ledger.com/fr/academy/quest-ce-quune-plateforme-dechange-decentralisee-dex

Smart Contract

Un contrat intelligent est un contrat auto-exécutoire où les termes de l’accord entre l’acheteur et le vendeur sont écrits directement dans des lignes de code.

A lire sur : https://www.ledger.com/academy/school-of-block/episode-14-decentralized-finance-what-are-smart-contracts

Autre définition de la société Hubspot

Théorisé en 1994 par le scientifique et cryptographe Nick Szabo, le smart contract s’est développé ces dernières années avec l’arrivée des cryptomonnaies. Aujourd’hui, c’est la blockchain Ethereum qui utilise le plus les smart contracts. Le contrat intelligent est l’équivalent informatique du contrat traditionnel, à la différence qu’il n’a pas de cadre juridique. En effet, un smart contract ne répond pas aux règles de droit, mais au code informatique, la France n’ayant pas encore légiféré sur leur utilisation.

Les différents types de Smart Contracts sont détaillés via le lien suivant : https://blog.hubspot.fr/marketing/smart-contract

Quant à l’article le plus parlant, il s’agit de celui de Jerome Pons sur la transformation d’un contrat dans l’univers de la musique en Smart Contract.

https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/revue-realites-industrielles-2017-3-page-81.htm

Le Web décentralisé

Pour compléter, nous vous conseillons la lecture de « l’Age du Web décentralisé  » de Clément Jeanneau

https://drive.google.com/file/d/1fEE3z-O9VPEVuPGPN7pecX_RYB1rBsIj/view

CE RAPPORT EST A TELECHARGER SUR UNE DES MEILLEURES SOURCES D’INFO SUR LES CRYPTOS, https://2140.fr/open-ressources/

Voici ce que j’en ai retenu :

Le Web est mort, victime d’une surcentralisation due aux GAFAM. Ce Web dépossédé par les GAFAM tue l’innovation. La blockchain est une solution.

Voici quelques items et réflexions importantes de ce rapport.

Information versus valeur

Internet a permis de décentraliser l’information. Avec Internet, tout individu a pu s’emparer d’un pouvoir inédit : publier

et échanger l’information qu’il veut, instantanément, auprès du monde entier, sans devoir en demander la permission.

La blockchain permet de décentraliser la valeur. Avec la blockchain, tout individu s’empare d’un nouveau pouvoir : créer

et échanger de la valeur, avec l’internaute qu’il veut, instantanément, sans nécessiter la permission d’un quelconque tiers.

Mes commentaires :

L’information avait de la valeur. La chute du clic ne permet plus de nourrir l’écosystème. La valeur de jetons type NFT ou le fait de spéculer sur les cryptos sont-ils des solutions réelles à la crise du Web ?

Identité

Le projet uPort veut permettre à ses utilisateurs de choisir les services qui accèderont à leurs données : ils auront ainsi le pouvoir d’autoriser et de révoquer les accès24, tout en conservant l’historique des requêtes. L’utilisateur pourra également rendre certaines requêtes payantes, de façon à monnayer ses données. Pour ce faire, l’utilisateur se connectera à une application mobile, elle-même reliée à un contrat numérique qui représentera son identité. Ce contrat fera le lien entre la blockchain (utilisée alors comme autorité de certification d’identité) et les services qui voudront accéder à l’identité numérique de l’utilisateur.

 

Mes commentaires :

L’individu a plusieurs identités mais qui sont toutes tracées par des outils comme l’ID User. La clé privée serait une façon de préserver une partie de son identité. Je ne suis pas sûre que des outils comme Uport pourront réellement la préserver. La blockchain s’est fondée sur l’anonymat.

 

L’effet réseau inversé

Attirer le plus de monde possible permettait d’assurer de la pérennité au réseau. L’effet réseau se définit comme  » le phénomène par lequel l’utilité réelle d’une technique ou d’un produit dépend de la quantité de ses utilisateurs » (source, Wikipédia). Dès lors, selon cette théorie, un réseau est condamné à croître pour ne pas mourir.

Le rapport parle d’effet réseau inversé qu’il présente ainsi : un projet, qui en est souvent à ses premiers pas, décide d’émettre ses propres tokens, ayant pour vocation d’être utilisés dans le service en question – par exemple comme droit d’accès ou d’usage du service, ou comme moyen de paiement, ou comme niveau de réputation, etc. De ce fait, les internautes qui estiment le service prometteur (aussi bien pour eux-mêmes que pour l’ensemble des utilisateurs) sont incités à acquérir le token (et ainsi à rejoindre le réseau) le plus tôt possible, au moment où ce token présente une valeur encore relativement faible par rapport à ce qu’il pourra valoir.

 

Mes commentaires :

Est-on en présence d’un effet réseau inversé ou d’une attitude purement spéculative ?

 

Une série d’exemples d’applications décentralisées ou de cas d’usage est ensuite proposée :

Les ICO dont tout le monde parle. Le mécanisme des ICO (Initial Coin Offering) est une méthode de levée de fonds utilisée par de nombreuses startups. Ces dernières vendent des tokens qu’elles émettent ce qui constitue un premier apport de capital.

Storj est un service de stockage cloud décentralisé qui n’est utilisable qu’en faisant usage d’un token appelé Storjcoin. Tout utilisateur peut louer l’espace libre de son ordinateur sur le réseau en échange de Storjcoin, et inversement peut acheter de l’espace de stockage sur le réseau Storj contre des Storjcoin.

iExec est un projet franco-chinois qui vise à développer une place de marché décentralisée de la ressource de calcul (un « Airbnb du serveur » pour reprendre l’expression de son fondateur Gilles Fedak).

Steemit est une plateforme décentralisée sur laquelle chacun peut poster du contenu et voter pour celui des autres. Il propose à ses utilisateurs de recevoir une récompense pour leurs publications jugées intéressantes par la communauté, non pas (seulement) en « likes » mais également en tokens, créés spécialement pour le service.

L’utilisation de forks (un fork consiste à créer sa propre blockchain lorsque l’on est mécontent de l’évolution ou de la gouvernance de celle à laquelle on appartient). Il y a différents types de forks qui ne mènent pas tous au conflit. Néanmoins, beaucoup de forks opportunistes voient le jour à partir de blockchains à succès. La décentralisation de la gouvernance mène à la multiplication des blockchains et des cryptos liées, bref à une atomisation du marché. Par ailleurs, un fork peut remettre en cause les mécanismes de consensus (non abordés dans cet article et qui feront l’objet d’un prochain billet).

Pour rentrer dans le détail des forks, lire l’excellent article de Ludovic Lars via ce lien : https://journalducoin.com/analyses/bitcoin-forks-histoire/

Les Game Changers décentralisés

L’approche conceptuelle de la décentralisation peut se coupler d’une approche plus sectorielle. Voici le très célèbre mapping de Matteo GianPietro Zago sur les usages de la Blockchain par secteur. Matteo est le fondateur d’Essentia, une plateforme de gestion et d’interopérabilité de cryptos.

Vous pouvez également découvrir des usages de la blockchain en Afrique en suivant le compte de Carla, 9 ans : https://twitter.com/cryptocarlas/media?s=09

Par secteur, voici quelques exemples

La musique avec Audius

Audius est une plateforme musicale décentralisée qui développe le premier protocole de partage de musique appartenant à la communauté et contrôlé par les artistes. Leur objectif est de construire une alternative à SoundCloud basée sur la blockchain. La plateforme doit être basée sur un protocole ouvert et est exploitée par une communauté entièrement décentralisée d’artistes, de développeurs et d’auditeurs.

https://audius.co/explore

Le recyclage du plastique avec Nozama green

Il est à noter que chaque plastique identifié est recyclé avec une logique Blockchain, NFT. L’identification se fait par un trackeur.

Le traceur d’emballages à usage unique (SUP Tracker) est une technologie de Nozama qui permet aux entreprises de suivre et de tracer les produits et les emballages tout au long de la chaîne d’approvisionnement en y attachant des codes QR.

https://nozama.green/

La publicité digitale avec Nyiax

Nyiax promet une meilleure gestion des inventaires grâce à la Blockchain. Voici la promesse à l’heure où certaines régies programmatiques sont accusées de manque de transparence et de vendre deux fois les espaces publicitaires.

Nyiax offre aux acheteurs de médias un accès à l’inventaire ainsi que les outils pour négocier, sécuriser et gérer leurs campagnes publicitaires avec clarté et confiance. Il s’agit de la seule véritable bourse bipartite où l’acheteur et le vendeur se connaissent, ce qui garantit une découverte des prix et une négociation des conditions honnêtes et transparentes.

La santé avec Clinicoin et ses clic token

https://clinicoin.io/en

Voici la promesse

Clinicoin est une plateforme de bien-être open source qui récompense les utilisateurs avec des crypto-monnaies pour s’engager dans des activités saines. S’appuyant sur un écosystème basé sur la blockchain, la plateforme est conçue pour connecter les personnes, les développeurs et les fournisseurs, dans le monde entier, afin d’améliorer la santé, le bien-être et la recherche au niveau mondial.

A travers ces quelques cas, c’est un nombre considérable de secteurs qui va être révolutionné. Si nous revenons à la santé, le dossier médical partagé pourrait se faire sur la blockchain.

La justice

AssangeDAO : elle est destinée à « libérer » Julian Assange (Wikileaks) et gouvernée par les détenteurs du token $Justice ;

 

CB Insight propose une intéressante analyse de l’utilisation de la blockchain dans l’univers de l’assurance :

Ces applications comprennent :

La détection des fraudes et la prévention des risques : En déplaçant les réclamations d’assurance sur un grand livre immuable, la technologie blockchain peut aider à éliminer les sources courantes de fraude dans le secteur de l’assurance.

Assurance dommages (P&C) : Un grand livre partagé et des polices d’assurance exécutées par le biais de contrats intelligents peuvent apporter une amélioration de l’efficacité d’un ordre de grandeur à l’assurance IARD.

Assurance santé : Grâce à la technologie blockchain, les dossiers médicaux peuvent être sécurisés de manière cryptographique et partagés entre les prestataires de santé, ce qui augmente l’interopérabilité dans l’écosystème de l’assurance maladie.

Réassurance : En sécurisant les contrats de réassurance sur la blockchain par le biais de contrats intelligents, la technologie blockchain peut simplifier le flux d’informations et de paiements entre assureurs et réassureurs.

Assurance vie : La technologie blockchain peut soulager les membres de la famille du fardeau que représente le dépôt d’une demande d’indemnisation en cas de décès en remplaçant le processus manuel de dépôt des demandes par un système automatisé construit sur un grand livre blockchain.

Assurance voyage : En automatisant les processus de réclamation et en partageant efficacement les informations entre les parties prenantes, l’assurance voyage blockchain peut faire gagner du temps aux assureurs tout en réduisant le fardeau des voyageurs.

Source : CB Insight, https://www.cbinsights.com/research/blockchain-insurance-disruption/

Un autre rapport de CB Insight portant sur les 59 industries les plus disruptées par la Blockchain est également disponible sur demande sur leur site.

Voici un résumé via le logiciel Tropes des principales industries et thématiques associées :

Source : CB Insights retravaillé via Tropes par @Beabilis

De quoi la décentralisation est-elle le nom ?

La décentralisation n’exclut pas le contrôle. Les industries les plus impactées par la blockchain seront celles où la fraude est la plus importante (industrie du digital, assurances…)

La décentralisation va amener une meilleure connaissance de la chaîne de valeur et un éclatement de la rémunération de cette valeur sur l’ensemble de la chaîne.

Si nous prenons le marché de l’art, tout achat d’un tableau pourra se faire en mentionnant dans le smart contract qu’un pourcentage du bénéfice de la revente pourra lui être accordée.

Le Pour : faire vivre l’art

Le Contre : mettre en place des mécanismes inflationnistes concernant l’économie de seconde main ou l’économie circulaire

La décentralisation renforce les process de surveillance. L’exemple le plus frappant est la gestion des nœuds. Il existe des nœuds validateurs et des nœuds complets et dans certains types de blockchains 4 types de nœuds différents, permettant une adaptation accrue aux NFT :

  1. Les nœuds de collection : visent à améliorer la connectivité du réseau et l’accès aux données pour les applications décentralisées, notamment les données relatives aux NFT ;
  2. Les nœuds de consensus : qui vont hiérarchiser l’ordre des transactions ;
  3. Les nœuds d’exécution : qui ont pour mission d’exécuter les transactions ;
  4. Les nœuds de vérification : qui vérifient les transactions effectuées par les nœuds d’exécution.

Source : https://journalducoin.com/actualites/explosion-40-pourcents-cryptomonnaie-instagram-flow/

La décentralisation façon Blockchain révolutionne la gouvernance des entreprises. Si nous prenons le cas des Token de gouvernance, ces token ne sont pas des actions. L’actionnariat c’est-à-dire une part de la propriété de l’entreprise est décorrelée de la gouvernance.

La décentralisation révolutionne la manière de s’accorder, bref, le consensus. La multiplication des forks, les batailles autour de chaque évolution de cette industrie, la sophistication croissante des règles de consensus peuvent, à terme, figer l’innovation plutôt que la promouvoir.

La décentralisation ne peut fonctionner sans data et, notamment, le tracking des objets (Asset Tracking System)

La décentralisation via la DAO peut, à terme, révolutionner la démocratie au sein des entreprises mais également la politique.

A voir…